Si vous n'avez pas lu la nouvelle et que vous avez cliché quand même, tant pis.
Matériels et méthodes
Fine Raie
Rana lessonae porte très souvent une fine raie verte sur son dos, c'est de là que m'est venu l'idée de son prénom. Je voulais la nommer "lessonae" au départ, puis la confusion espèce-individu devenait trop difficile à gérer. J'ai fini par changer la plupart des noms de mes personnages, préférant les noms vernaculaires ou marquant leurs particularités physiques. Je craignais en plus que le mot "Rana" pour une tribu soit trop facile à comprendre même pour des néophytes ; la tribu des lessonae, ça élimine beaucoup plus de personnes !
J'aurai pu employer le nom de genre Pelophylax, puisque les grenouilles vertes ont quitté le genre Rana pour beaucoup de batrachologues, mais cela faisait vraiment trop latin, les ae peuvent sembler une lubie de la part de l'auteur accro à la Fantasy, les noms latins, ça met tout de suite un doute sur un côté scientifique. Alors j'ai pris la nomenclature qui me convenait pour mon texte.
Rieur
Rana ridibunda est communément appelée grenouille rieuse. Avec R. esculenta et R. lessonae, R. ridibunda forme un complexe d'espèces particulières où les individus peuvent se croiser entre eux. D'où les turpitudes passées de Rieur avec des nymphes lessonae. La plus grosse différence entre les trois espèces est la taille de leurs jambes : les R. ridibunda ont les pattes courtes, les R. lessonae des pattes moyennes et les R. esculenta des longues pattes.
Goliath
Conraua goliath est la plus grosse grenouille au monde avec 30 cm de longueur entre le bout du museau et l'anus. Si vous comptez les pattes, vous doublez la mise ! Elle est capable de manger de petits animaux sans problème. Mais toutes les grosses bêtes sont bien souvent plus sympathiques que les petites teignes.
Kio
Rhacophorus kio est une grenouille que Annemarie Ohler et moi-même étions entrain de décrire quand j'ai commencé cette nouvelle. Elle appartient à la famille que j'ai étudié pendant cinq ans pour ma thèse (les Ranidae Rhacophorinae). Je ne pouvais pas l'ignorer. Kio veut dire vert en vietnamien. Avec sa grande palmure et ses capacités à planer, elle est vraiment belle.
Muda
Pipa pipa est pour moi la grenouille la plus affreuse qui existe. A part ses pattes arrières palmées (qui sont hypertrophiées), elle n'a plus rien de l'adorable grenouillette : ni son grand sourire, ni ses grands yeux, ni son agilité (P. pipa est exclusivement aquatique). Cette espèce est originaire d'Afrique du sud et n'a pas de langue (d'où le nom de muette que j'ai choisie). Elle a tout de même une particularité qui intéresse Salpico : le dos des femelles se gonflent et possèdent des cavités où s'abritent les petits têtards. On voit les queues sortir sur la deuxième photo.
Salpico
Dendrobates pumilio, mon guerrier latino. C'est une grenouille poison. Elle n'est pas mortelle pour l'homme comme D. terribilis. Je l'ai choisi pour son nom, car au début je voulais l'appeler Pumilio (très semblable à Emilio). Et puis, un guerrier rouge, c'est plus impressionnant qu'un guerrier jaune (la couleur de D. terribilis). Les Dendrobates ont un comportement parental particulier : les femelles portent leurs têtards collés sur le dos jusqu'à la fin de la métamorphose, d'où les inquiétudes de Salpico sur les bébés. Pour les petits pas de danse qu'il exécute pour plaire à Fine Raie, ils font partis de la parade amoureuse de ses petits guerriers Sud-américains !
Mon personnage est moins ponctué sur le dos et plus sur les pattes.
Dumpy
Litoria caerulae porte le nom vernaculaire de Dumpy pour les Anglo-saxons. C'est une grosse mémère australienne avec des pattes et un corps flasques qui font penser à de la cellulite. En plus, elle a un sourire fantastique. C'est une grenouille qui n'a pas peur de se salir : on peut la trouver dans les toilettes !
Résultats et discussion
Voici pour les personnages principaux. Toutes les descriptions des nymphes dans les bocaux sont issues de descriptions d'Amphibiens. Si vous êtes vraiment curieux, je peux vous indiquer l'espèce correspondant à chaque description. Vous ne pouvez imaginer la variété physique de ces animaux taxées d'uniformité, même au sein d'une famille (tiens, c'est une partie de ma thèse, ça !).
Pour finir, je dirai que je n'ai jamais supporté de voir un bocal négligé, contenant une grenouille desséchée (une chips !). Pour moi, c'était avoir tué cet animal pour rien. Lorsque je devais sacrifier une grenouille sur le terrain, je mettais le plus de soin possible pour qu'elle soit belle et parfaite pour une «seconde vie» en collection. Je suis trop sentimentale, peut-être. J'avais besoin d'écrire cette nouvelle pour ma propre conscience : je n'ai jamais réussi à considérer mes grenouilles comme du matériel biologique.
